Une drôle de surprise.. | PV Yoyami Kukaju [terminé]

Depuis mon arrivée dans cette ville,  tout était parfait pour moi. Ce que je n'espérais plus après avoir déménagé plus d'une dizaine de fois, et avoir été déçu par des locataires bruyants ou des locaux mal entretenus. Ici, les habitants sont agréables et la ville propre. C'est le minimum, et c'est largement suffisant à mes yeux.

 J'avais passé la matinée à la rédaction de mon nouvel ouvrage. L'inspiration ne me manquait pas, j'ai même pu terminer mon chapitre en y laissant une pointe de suspens.  J'aime toujours autant ce métier, même après ces longues années de pratique. Cette fois je pourrai rendre mon livre dans le délai imposé par la maison d'édition, ce qui n'a pas toujours été le cas.  Enfin, aucune sanction n'est réellement appliquée de toutes manières. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Un bon livre est un livre travaillé, et il faut du temps pour cela. Que ça plaise ou non.

Rester enfermé toute une journée n'est pas bon pour la santé, et encore moins pour l'imagination. Je m'étais décidé à faire une sortie en campagne, ce qui m'a fait le plus grand bien. Le soleil, le chant des oiseaux, le vide à perte de vue.. j'ai toujours trouvé ça très relaxant. Et encore mieux.. le silence... En ville, même si celle-ci est relativement calme, le bruit des automobiles, les cris des enfants restent présents. Une ville n'est jamais complètement silencieuse. Je dois admettre que la campagne ne l'est pas totalement, mais les sons que l'on peut y écouter ne sont pas du même registre. Après une journée de marche épuisante, je pris enfin le chemin du retour. Je n'avais qu'une seule envie, manger rapidement quelque chose pour calmer mon estomac qui ne cesse de rugir puis  m'installer confortablement dans mon lit et dormir jusqu'au matin.  Quelle bonne journée !
Après quelques dizaines minutes de conduite, les bruits habituels de l'agglomérations furent de retour. La fatigue se fit encore plus sentir à partir de ce moment.

Je montais silencieusement les marches menant à mon appartement, situé au deuxième étage. Arrivé devant ma porte, je mis la clé dans la serrure et la tourna. Mais la porte ne s'ouvrait pas. Aurais-je oublier de la fermer à clé avant de partir ce midi ? Je ne pense pas, un cambriolage est si vite arrivé que je fais toujours très attention à ce genre de détail. Ça me laisse perplexe.. Mais ce n'est qu'une fois la porte ouverte que je compris que l'histoire de la porte n'était rien comparé à ce qui se tenait devant moi.
Un jeune homme, d'environ une vingtaine d'année se tenait là. Je l'examinais du regard avec stupeur. Qui est-ce ? Un inspecteur venu vérifier l'état des lieux ? Je n'ai jamais entendu parler de ça, et la moindre des choses et de prévenir avant de s'inviter chez quelqu'un. Le souvenir de l'air peu scrupuleux du propriétaire lors de sa visite n'était pas plus rassurant.

- Qui êtes vous et que faites vous ici ?

Je lui avais adressé la parole d'un ton interrogateur, oubliant la politesse en espérant que cet homme ai une bonne excuse pour s'être invité chez moi !

"Tu es Yamaguchi Hajime je suppose. Kukaju Yoyami, un certain Iro a dû te prévenir de mon arrivée, même si vu ta tête j'en doute."

J'hallucine ! Personne ne m'a prévenu à propos de l'arrivée de ce Yoyami. J'ai accepté le fait de pouvoir me retrouver avec un colocataire, mais pas de façon inattendue. Il semblait poli, mais pas très amical. Il me toisait de la tête au pied, comme je l'avais fait en entrant.
J'allais lui répondre quand il marmonna.

"Qu'est ce qu'il avait en tête cet idiot ?"

Il ne semblait pas m'avoir adressé cette phrase. Il parle tout seul ? Peu importe après tout, ça arrive à tout le monde. J'espère juste qu'il n'est pas attardé.

"On va dire que je suis ravi de te rencontrer, à toi de m'imaginer joyeux et souriant."

Je lui tendis la main en ignorant sa remarque. Peu importe qu'il soit souriant ou non, je ne le suis pas spécialement non plus.

- Enchanté. Effectivement on ne m'avait pas prévenu de ton arrivée, mais ce n'est pas grave.

J'étais bien content d'être ordonné et maniaque, l'appartement était propre et bien rangé. Il serait regrettable de laisser quelque chose de trop personnel traîner en sa présence.

- J'ai l'impression que tu n'as pas eu le temps de tout visiter, veux tu que je te montre ta chambre ?

Je n'avais aucune envie de faire le guide, mais bon, autant paraître poli si nous devons cohabiter. Plus vite ce sera fait, plus vite je serait au lit.

En réalité, je me fichais un peu de sa réponse, à cette heure ci il serait plus pratique qu'il déballe et range ses affaires.
Je l'invitai à me suivre, en vérifiant d'un coup d'oeil si il était bien derrière moi.

"Il avait tellement hâte de se débarrasser de moi qu'il t'a pas prévenu, normal quand on y pense. Je te laisse me guider, t'es chez toi après tout."

Une chose est sûre, il n'est pas très optimiste celui là. J'espère qu'il ne va pas passer tout son temps à se lamenter. Je lui fis rapidement visiter l'appartement tandis qu'il me suivait sans rien dire. Il observait simplement les lieux d'un  regard attentif.

"T'as quel âge pour avoir un appartement aussi propre ?"

Je ne vois absolument pas le rapport entre mon âge et la propreté. Quel intérêt y a t-il a laisser son logement se détériorer ? Après avoir dit cela, le jeune homme rajouta, comme pour se reprendre.

"Ce n'est pas un reproche, de ma part c'est plutôt un compliment."

Je préférais ne pas répondre. Son téléphone sonna, il y jeta un regard mais ne répondit pas.  Son ancien colocataire peut être. Était-il dans de si mauvais thermes avec lui?

"Autant te dire tout de suite quel genre de personne je suis : insociable, mal aimable, orgueilleux et hyper susceptible. Résumé en trois mots ça fait "caractère de merde". T'en que tu ne m'ennuie pas on devrait s'entendre, les règles de politesse de base du genre "merci", "bonjour",  "bonsoir" et autres sont acceptées et même recommandées. J'accepte tout de même de faire des tâches ménagères, étant colocataire, c'est normal. Mène ta vie comme tu veux du moment que tu ne t'immisces pas dans la mienne. Je ferai de même. J'ai été clair ?"

C'est effectivement très clair, mais ça me va. Je n'ai pas besoin d'être son ami ou de discuter avec. Et il va de soit qu'il va aider pour les tâches ménagères.

"Et inutile d'essayer de me faire sourire, j'ai oublié la définition de ce mot. Des questions ? Tu as toi aussi des conditions ?"

Comme-ci j'allais essayer de faire ça alors que j'ai moi même du mal à le faire. Je lui répondis sur un ton aussi froid que le sien, avec un air indifférent.

"Je vois, et bien je n'ai pas vraiment d'autres conditions. Hormis peut être le fait d'éviter de faire trop de bruit quand je travaille, mais tu n'as pas l'air d'un fêtard alors ça devrait aller. Pour le ménage, nous pourrions le faire à tour de rôle. En s'occupant personnellement de nos propres chambres évidement. "

S'arranger de cette manière me semblait convenable. Mon estomac gronda, je n'avais rien mangé depuis le matin.

"Je vais faire à manger, tu veux peut être que j'en fasse aussi pour toi ?"

Il ne voulait pas que je m’immisce dans sa vie, mais je ne serait pas à l'aise en mangeant devant lui, alors qu'il n'a sûrement pas encore apporté de nourriture.

"Après, je te laisserai tranquille."

Des pâtes étaient éparpillées partout dans la pièce, sur le blond et même sur moi. Ne pas savoir cuisiner est une chose, mais rater des pâtes.. c'est être un cas à part. Je me retiendrais de faire une réflexion stupide à propos de l’intelligence des personnes blondes. Cette erreur aurait pu m'amuser, mais pas dans mon état de fatigue actuel. Je me mis à retirer les morceaux ayant atterrit sur ma figure et mes cheveux. Ça devenait collant, il faut se dépêcher de tout ramasser.
Mes yeux me brûlaient, mais pas question de dormir avant d'avoir mangé.  

- Je vais t'aider à nettoyer tout ça, mais si tu ne savais pas comment faire, il suffisait de demander.

Balayer ce carnage ne serait pas pratique, les morceaux de pâtes se casseraient ou s'écraseraient. Et je n'ai absolument pas envie de tout ramasser à la main. Je pris une serpillière que je fis tremper dans l'eau.

- Je vais faire un tas, tu n'auras qu'à ramasser avec la pelle.

Une fois le tas fait, je lui tendis la petite pelle pour qu'il puisse ramasser. Une fois cela fait il ne resterait plus que la casserole à nettoyer, mais le lave vaisselle s'en chargerait au mieux. Le sol était luisant et devait être glissant. Afin d'éviter un autre accident je préfère le prévenir.

- Fais attention à ne pas glisser, c'est moui-

C'était réellement glissant. J'avais glissé sans pouvoir me rattraper aux meubles ou à quoi que ce soit d'autre. Je me remis debout, comme-ci rien n'était arrivé, mais rouge de honte.  Je rangeais dans le lave vaisselle la casserole carbonisée tout en cherchant quoi faire pour le repas. Quelque chose de rapide..et d'équilibré bien entendu. Pourquoi pas une pizza ? Avec les bons ingrédients ça peut très bien être un bon repas. Après vérification, tous les ingrédients nécessaires sont bien dans le frigidaire. Je lui lança un regard, en espérant qu'il n'essaie pas de faire un autre repas seul. Il peut m'aider si il le souhaite.

- Si je fais une pizza, ça te va ? Tu peux m'aider à la faire si tu veux, mais évite les explosion s'il te plait.

J'avais surtout dit ça pour qu'il oublie au plus vite ma chute. Peut être qu'il n'avait rien vu ? Il était peut être trop occupé avec le reste des pâtes.. enfin je l'espère.
Quand la soirée allait-elle enfin se terminer ?

"On fait la paire. Finalement, Iro n’a pas eu une si mauvaise idée. On peut dire qu’on est à égalité, je ne sais pas faire cuire des pâtes et tu ne sais pas faire de patinage artistique."

Son ton froid avait pratiquement disparu, laissant place à une voix plus sympathique et plus agréable. Ma chute semblait l'avoir amusé et détendu. Je me surpris moi même en prenant une voix plus chaleureuse, ce que je ne fais que très rarement.

-Effectivement, il a bien vu ton Iro.  

"J’accepte, pour la pizza. Et je prendrai des cours de cuisine, j’ai rien d’autre à faire de toute façon."

Des cours de cuisine ne lui feraient effectivement pas de mal, mais une question se baladait dans ma tête depuis quelques minutes..
l ne travaille pas à plein temps ?
Il n'avait pas encore mentionné de profession. Et c'est toujours bon à savoir entre colocataires. Il n'est pas cuisinier, c'est une certitude.
Il sortit son téléphone de sa poche. Sans doute avait-il manqué un appel avec tous ces rebondissements. Il scruta l'écran un petit moment avant de répondre à ce qui devait être un SMS. Il me montra son téléphone et la réponse qu'il avait envoyé à cet Iro. Je ne pu retenir un léger sourire.

"J’espère que ça aura rassuré mon éditeur. T’en pense quoi ?"

Je plongeai mes yeux dans les siens.

- Je me demande si ce n'est pas plus affolant que rassurant..

Un éditeur, alors il travaillerai dans l'écriture lui aussi ? Il me dira bien un jour ce qu'il en est. Je détournai les yeux en sortant les ingrédients du frigidaire et en les disposants dans un ordre logique. La pâte.. le fromage.. la sauce tomate.. quelques légumes.. du jambon..

- Et si on la faisait, cette pizza ? Nous allons vraiment mourir de faim si ça continue. J'ai cru entendre ton estomac se plaindre tout à l'heure.

Mon ton était compatissant. Il n'était pas le seul à crier famine. Je pris un livre de recette et le feuilletai à la recherche de la bonne page. Ce fut rapide, je mis le petit livre sur la table. C'est parti.

- Il faut mettre la pâte dans le plat, étaler la sauce tomate, nettoyer,couper et faire cuire les légumes et mettre le tout au dessus de la sauce. Que veux tu faire ? Ne t'inquiète pas, aucun ingrédient ne devrait exploser.

Le blond avait le temps d'un instant oublié la présence des pâtes dans ses cheveux et s'en était mis sur les mains. Il ne broncha pourtant pas et commença à s'occuper des légumes.

"Moi aussi je suis écrivain, depuis mes quatorze ans. Je suis aussi compositeur."

Je m'en doutais pour son côté écrivain, mais pas compositeur. Il dit avoir commencé à quatorze ans, c'est très jeune. Il doit vraiment être passionné.  Nous devrions bien nous entendre avec ça. J'ai moi même commencé à écrire très jeune, par passion.

"Oui je sais, je suis le roi de l'insociabilité, raison pour laquelle je suis pas doué niveau discussion."

- Je le suis aussi, tu n'as pas a être gêné. Peut être qu'ensemble nous pourrons évoluer.

Je regardais le blond éplucher une tomate. Était-ce vraiment nécessaire d'enlever la peau pour une tomate ? Peu importe, le goût sera le même.  Et vu son air fier, je ne vais pas lui gâcher le plaisir. Je fis comme ci de rien n'était pendant qu'il épluchait le reste des tomates.

"Tu écris quoi comme livres ?"

- Des romans, des récits de guerre et en particulier des histoires de samouraïs. Ils me fascinent.


Le thèmes de mes romans sont peut être un peu vieillots, mais ils ont tout de même du succès. Auprès des retraités ou d'autres passionnés des bushis comme moi je suppose.
Lui n'avait pas une tête à écrire ce genre de livres.
Je fis préchauffer le four pour faciliter la cuisson et attendit que le blond ai finit d'éplucher les légumes.

- Et toi ? Je n'ai jamais vu de roman dont tu es l'auteur jusqu'à présent.

J'omis de préciser que je ne lis pas de romans modernes, peut être que c'est ce qu'il préfère et écrit.

Je l'ai vexé. Pourquoi n'avais-je pas su cacher mon embarra ? Mes propos ont de toutes évidence étés blessants. Je n'ai jamais eu de relations amicales ou autre avec quiconque. Je devrais apprendre à me gérer, c'est sans doute comme cela que l'on vit avec les autres. Et c'est mal parti pour le moment. Le blond s'était très rapidement isolé dans sa chambre et ne donnait plus de signe de vie.

Je devrais m'excuser, c'est obligatoire. Mais je ne pense pas que ce soit le moment, il me ferait sans doute immédiatement ressortir de la pièce. Je le ferai quand il ressortira, sûrement demain. J'imagine déjà l'ambiance froide qui régnera dans l'appartement.

Enfin, c'est trop tard. Je verrai bien. Rester seul ici ne me dérange pas, je n'ai jamais dîné avec quelqu'un de toutes manières. La faim se fait moins sentir, mais au point où j'en suis, autant attendre la fin de la cuisson et manger un peu.

Je pris un livre pour passer le temps. Je l'avais déjà lu et relu, mais ça ne me dérange pas plus que ça. Il est beau, bien écrit, plein de sens et de profondeur. Je ne sais pas combien de temps je suis resté là à lire, immergé dans son univers.  La sonnerie aiguë du four me ramena à la réalité. Je fixait la pizza. Nous l'avons faite à deux, alors autant la manger à deux. Je détestais changer d'avis de la sorte, mais je me sentais mal à l'idée de le faire sans le blond.

Je remis la pizza dans le four et me contenta d'un morceau de pain avec un peu de beurre. Je ne sais pas si j'ai hâte d'être demain; tout pourrait bien se passer ou l'inverse.
Après avoir rangé les plats et tout ce qui pouvait traîner dans la pièce. Je voulu aller me coucher directement, mais il faudrait sans doute prendre une douche avant. Le voyage de la journée et les événements de la soirée ne m'ont pas nettoyé.

Je rentrais dans la salle de bain en soupirant. La journée était terminée.

- Je... je suis vraiment désolé !

J'étais ressorti de la salle de bain aussi vite que j'avais pu. Mon colocataire avait eu la même idée que moi et s'y trouvait déjà. J'avais aperçut le temps d'une seconde des cicatrices et des bleus sur son torse juste avant qu'il ne les camoufle avec... un haut de pyjama rose.  J'ai vu quelque chose qu'il souhaitait me cacher. Que faire ?

Je me tenais maintenant dos à la porte de la salle de bain, perplexe. Je ne pensais pas qu'il ressortirait de la chambre de la soirée... mais j'avais tort et maintenant le blond m'en voudrait encore plus et chercherai sûrement un autre colocataire.
Ces cicatrices devaient être les traces d'un passé douloureux et le blond ne voudrait pas en parler. Sachant qu'il pouvait m'entendre à travers la porte, je lui souffla.

- Je n'ai rien vu, d'accord ?

Je partis vers ma chambre, ne souhaitant pas voir le blond à sa sortie de la salle de bain. Allongé sur mon lit, j'étais maintenant perdu dans mes pensées et me demandant qu'est ce qui arriverai le lendemain.
Je n'arriverai pas à dormir, les mêmes images aillaient et venaient dans ma tête.
Pourquoi ne pas travailler un peu ? C'est bien l'une des seules choses que je sais faire correctement. Je pris mon crayon et mon brouillon. Quelques idées que j'avais eu dans la journée me revinrent et furent d'une grande aide. Mais la rédaction de mon livre n'était plus mon grand soucis pour le moment.

On toqua à la porte de ma chambre.

"Ecoute... je suis prêt à répondre à toutes tes questions, aussi personnelles soient-elles... mais s'il te plait, ne rit pas de la blague de mon ex-colocataire, et ne me vire pas s'il te plait... Ce n'est pas que je n'ai nulle part où aller, mais plutôt que je ne veux pas accepter l'aide de quelqu'un d'autre..."

Je lui ouvris la porte. Je n'avais pas envie de rire à la blague de son colocataire, même si c'était celui-ci avait bien réussi son coup. Il portait donc le pyjama "My little pony" et c'était plutôt perturbant de voir un homme le porter. Où avait-il bien pu trouver la bonne taille ? C'est censé être porté par des enfants.

"Ne m'oblige pas à aller voir une personne que je ne veux pas refréquenter..."

-  Je comprend, je ne vais pas te virer. J'ai effectivement quelques questions à te poser, mais pas la peine de rentrer dans les détails. C'est ta vie personnelle. Sauf si en parler te fait du bien.

Je déglutis, ne sachant pas comment lui poser la question sans en demander trop. Je l'avais déjà vexé dans la soirée, ce n'était pas la peine d'en rajouter.

- Alors.. euh.. ce que j'ai vu.. c'est à cause de la personne qui tu ne souhaites plus fréquenter ?

Les cicatrices étaient une choses. Mais les bleus en étaient une autre, comparés aux cicatrices ils ne restent que quelques temps.

- Et .. pour tes bleus.. c'est à cause de tes bagarres ?

J’espérais de tout cœur pour lui que ce soit ça.

- J'ai de la famille sans en avoir. Mes parents et mes frères ne se sont jamais vraiment occupés de moi et je n'ai plus de contact avec eux. J'ai juste eu un très bon ami qui m'a aidé.

Il m'ébouriffa les cheveux, écrasant quelques morceaux de pâtes restant et s'en mettant sur la main. Je me sentais encore plus sale maintenant. Je lui fis un air légèrement boudeur.

- Nous sommes tous les deux un peu en tort.

Je n'attendais que ça moi, d'aller prendre une douche.

- J'ai voulu y aller tout à l'heure, mais tu y étais déjà. Sans doute en train de t'admirer dans ton pyjama ?

J'avais pris un ton un petit peu taquin pour ne pas l'offenser. Après ça, je remis dans un tiroir les affaires que j'avais sorti pour écrire.

- Je vais y aller, dans ce cas. Tu peux utiliser la télévision ou tout ce que tu souhaites d'autre si tu ne veux pas dormir tout de suite.

Je pris un pyjama dans l'armoire, en prenant soin d'en choisir un neutre, pour ne pas finir comme lui.

- Au fait, j'ai 23 ans. Tu me l'avais demandé mais je n'avais pas répondu.

Je sortis de la chambre pour rejoindre la salle de bain.