Une drôle de surprise.. | PV Yoyami Kukaju [terminé]

Yoyami eut un air amusé.

"Jvais tuer cette ordure d'éditeur."

L'écrivain le regarda surpris.

"On a que deux ans d'écart ? J'aurais cru être le plus vieux. Moi j'ai vingt et un printemps."

Quand son colocataire alla à la salle de bains, Yoyami se leva pour aller chercher son carnet de dessin. Il s'intalla dans le salon et commença à faire un portrait de sa soeur. Regarder la télévision... il n'en avait pas envie.

Avec son doigt, il estompa un peu les rebords du visage fin, puis s'attaqua aux cheveux noirs ébène de sa soeur.

Le compositeur regarda son oeuvre. A ses yeux, sa soeur était toujours magnifique, même à travers son dessin qu'il trouvait raté.

"Tu me frapperais, si tu avais vu ma crise de tout à l'heure."

Le jeune homme eut un regard mélancolique. Il tourna une autre page, pour commencer à dessiner des mangas.

Si je le fais pas, c'est plutôt Iro qui va me tuer.

Le blondinet regarda ses "gribouillages" comme il les appellait.

Mouais, j'ai déjà fait mieux mais bon.

Le compositeur se leva à la dernière remarque de son colocataire. Il entra dans sa chambre, qui était complètement bazardée à cause de sa recherche de pyjama. Il chercha dans ses affaires et en sorti son premier recueil de nouvelles. Il y avait une photo de lui derrière, quand il avait quatorze ans. Il portait des lunettes de vue.

Son recueil contenait dix-neuf nouvelles, du fantastique, de la science fiction et de l'historique, de la période d'Edo. Comique, dramatique et tragique se partageaient la vedette à l'intérieur.

Il revînt dans le salon, avec un paquet de dragibus qu'il avait aussi prit dans sa valise, et posa le livre sur la table, et se radossa.

"Mes toutes premières oeuvres. T'en fais pas, à quatorze ans, je n'écrivais pas encore du X."

Il ouvrit le paquet et le posa aussi au milieu, en piquant dedans..

"Si t'en veux, un autre de mes défauts, ou plutôt un péché capital : la gourmandise. Et ça n'a rien à voir mais, j'aimerais bien lire un te tes livres un jour."

Le ventre du blond gargouilla. Il grimaçat.

"Les dragibus ça rempli pas vraiment l'estomac en fait... Jsuis pas contre la pizza en fait. Jt'avais menti, comme un gamin."

"Garde le tant que tu le veux, je n'en ai pas usage."

Le blond rangea le paquet à la remarque de son colocataire. Il se leva quand tout fut en place. Il prit le couteau, le laissant en l'air, les pizzas étaient déjà coupées quand on les lui livrait... Il commença à couper, en partant du bord, allant vers le centre, faisant un bel arc de cercle, même si ce n'était pas là le but.

"Ma réussite culinaire aura été de très courte durée. Comme Iro était toujours absent pour la maison d'édition, je commandais que des plats préparés, donc je suis pas doué."

Yoyami avait l'habitude de se faire servir en général, alors évidement. Il fit une autre tentative, puis une autre. Il servit une part à Yamaguchi, très grosse, et s'en servit une, plutôt petite...

"J'avais pas de bonnes notes en géométrie..."

Un beau mensonge, Yoyami n'était jamais passé en dessous de dix-neuf au niveau des notes, même en géométrie. Sa mauvaise foi refesait surface à vitesse grand V.

[center=#00ffff]"Bon apétit ![/color]

Yoyami croqua dans la part de pizza, c'était bon. Même si il avait été aidé par Yamaguchi, c'était le premier truc culinaire que Yoyami réussissait sans sa soeur.

Le blond haussa les épaules.

"Ca va, tant que ça calle."

Le compositeur se tourna vers son colocataire, le regard brillant.

"Rééssayer les pâtes ? Je veux bien. J'ai pris des notes sur mon erreur."

Après avoir terminé sa part, Yoyami partit lui aussi mettre son assiette dans le lave vaisselle. Il vit effectivement que son colocataire était fatigué. Son regard devînt doux.

"Si tu attends que je me couche pour y aller, tu n'iras jamais dormir. Je suis insomniaque. Donc, vas-y, vas te coucher sinon tu vas tomber de fatigue et j'ai la flemme de te traîner au lit."

Partisant du moindre effort, comme d'habitude. Yoyami n'allait pas changer parce que ce n'était pas Iro, au contraire, il allait rester comme il était. Le blondinet fit craquer sa nuque.

"T'en fais pas pour moi, je sais occuper mes nuits tout seul. N'y voit rien de pervers, je parle d'écriture, de lecture ou autres."

"Passe une bonne nuit.
- Merci, toi aussi."

Le blondinet attendit que son colocataire quitte la salle de bain et aille se coucher pour aller se brosser les dents. Il revînt ensuite dans le salon.

Pfff, ça me fait chier d'être insomniaque... qu'est ce que je vais faire ?

L'écrivain balaya la salle du regard... terminer son manuscrit ? Non, la flemme de réfléchir... Lire ? Pas envie, regarder la télévision ? Non, il risquerait de réveiller Yamaguchi. Le blond alla chercher ses écouteurs. Il resta un temps comme ça, puis reprit son carnet de dessins pour refaire un portrait de sa soeur. Il n'avait que ça à faire, pour ne pas l'oublier.

N'ayant pas mis sa musique fort, Yoyami entendit son colocataire faire du bruit. Après une brève hésitation, il posa son carnet et entra dans la chambre qui était ouverte. Yamaguchi jouait à la crèpe dans son lit, le blond vit à son visage que le jeune homme faisait un cauchemard.

"Pfff, pour ça que je dors plus, pas de cauchemards, pas de terreurs nocturnes."

Yoyami s'approcha de son colocataire et le secoua légèrement, comme le faisait sa soeur quand le blond faisait ses terreurs.

"Yamaguchi, réveille-toi."

Si il est comme moi, je vais me prendre une tarte, mais ça semble pas être le genre...

Yoyami resta figé quand Yamaguchi le prit dans ses bras. Son colocataire s'écarta, Yoyami lui ne bougea pas d'un poil, essayant de comprendre ce qu'il venait de se passer.

"Euh.. excuse moi, je ne sais pas ce qui m'a pris. O..oublie ça. Merci d'avoir voulu m'aider."

Le blond poussa un profond soupir avant d'ébouriffer encore plus les cheveux de Yamaguchi.

"T'es idiot ou tu le fais exprès ? Jvais pas te laisser dans cet état. Jsuis pas sociable, mais quand même, si je te laisse comme ça tu vas refaire un cauchemar."

L'écrivain était vraiment protecteur quand il le voulait.

"Si t'as pas envie de me le raconter, le fais pas, mais évacue, sinon ton moral restera à zéro."

Bon, au moins il est pas comme moi, j'ai échappé à la tarte.

Yoyami repensa à ses propres terreurs nocturnes, sauf que lui se réveillait en hurlant et en frappant tout ce qui était à portée de main.

"Pour ça aussi que je dors plus...

Le blond avait cette réflexion à lui-même.

Le blond soupira. Il avait l'habitude d'intérioriser, mais là, il l'avait cherché. Il n'allait pas se défiler. Il s'assit lui aussi en tailleur, se massa la tête.

"J'avais une petite soeur, une demi-soeur. Quand je l'ai rencontré pour la première fois, j'avais dix ans et je venais de perdre ma mère, en France. Mon père, qui avait divorcé, m'a rappatrié au Japon. Ma soeur avait une santé très fragile, et était en plus atteinte d'insuffisance cardiaque. Quand j'ai eu seize ans, elle fut hospitalisée d'urgence, ayant eu une crise violente... et avait besoin d'un donneur rapidement. J'ai voulu lui donner mon coeur, nous avions le même groupe sanguin alors... Mais le problème, c'était que j'avais commenccé à fumer à treize ans, et que je ne faisait pas un bon donneur. Elle est morte rapidement, manque de personnes donnant leur coeur."

Une boule d'émotion se créa dans la gorge du blond.

"Si j'avais pas fait de conneries, elle serait encore vivante. Depuis dès que je ferme l'oeil je la voie, et j'entends mon père me dire que tout est de ma faute. S'en est devenu insupportable, sans parler du fait que je faisais dèjà des terreurs nocturnes petit... Ca a suffit à me rendre insomniaque."

Le blondinet ne pleurait pas, il garda à nouveau tout ses sentiments en lui. Culpabilité, tristesse, colère envers lui-même... il évacuerait tout lors de la prochaine pluie.

"Je ne sais pas si je suis fatigué, j'ai pris l'habitude de ne pas dormir. Je me repose environ douze heures par semaine, ça me suffit...

"Je suis désolé. Je suis sûr que ta sœur ne t'en veut pas, tu ne pouvais pas deviner ce que l'avenir réservait."

Si justement, au fond je le savais...

Aux yeux du blond, tout était de sa faute.

"D-douze heures seulement ? Je suppose qu'à force de le faire tu t'y es habitué mais tu dois être sacrément costaud pour dormir si peu !"

Yoyami eut un ricanement sans sourire.

"Pas vraiment. Mon éditeur m'a obligé à aller voir un médecin du sommeil, qui m'oblige à dormir. Le problème c'est que c'est pas un sommeil réparateur."

C'était de sa faute, yavait pas à chercher, le compositeur était responsable de la mort de sa petite soeur... c'était ce qu'il pensait.

"Faut croire que la vie n'a fait de cadeau à aucun de nous deux. Mais la chance tourne et le monde change, c'est l'espoir qui fait vivre les hommes après tout."

Le blondinet releva la tête vers Yamaguchi.

"A toi de me dire ce qu'il t'est arrivé. C'est pas juste sinon, tu connais mon histoire."

Yoyami évita de préciser que sa chance à lui n'avait pas vraiment tourné, étant le seul fils de son père, ce dernier le harcelait pour qu'il reprenne les "activités" familiales. Ce à quoi le blondinet se refusait. Il ne voulait pas entrer dans la mafia, ça hors de question. Il avait toujours peur que son paternel s'en prenne à ceux qu'il aimait pour le faire plier.

Le blondinet écouta le récit de son colocataire en silence. Il avait eu une vie difficile lui aussi. Yoyami savait que Yamaguchi ne lui disait pas tout, mais il n'insista pas. Après tout, lui aussi avait caché plusieurs choses à son propos.

Il baissa le regard.

"La vie est vraiment cruelle par moments. Avec toi plus qu'avec moi au fond. J'ai perdu ma soeur, mais au fond, la douleur n'est là que sur le coup et s'évapore avec le temps."

Le compositeur mentait à Yamaguchi. Il continuait de se torturer psychologiquement... Il avait toujours mal, il était en colère, contre lui, contre son père, contre sa soeur pour l'avoir laissé seul dans le monde des vivants.

Il soupira et se dit qu'il devait quand même dire à son colocataire comment il fonctionnait.

"Sache que je n'ai plus souris depuis la mort de ma soeur. Je ne sais plus comment on fait. Pour savoir ce que je veux exprimer, il ne faut pas s'arrêter sur mon ton ou sur l'expression de mon visage. Il faut regarder mes yeux, je ne communique plus qu'avec eux. Je te dis ça, parce que je ne veux pas qu'il y ait de quiproquo entre nous."

Par rapport à Yamaguchi, je suis chanceux.

"Nos souffrances ne sont pas comparables si tu veux mon avis. Elles n'ont pas les mêmes origines."

Le blondinet hocha la tête, pensif. Yamaguchi avait raison, ce n'était pas comparable. Il se sentait un peu bête.

"Ce n'est pas si mal. Au moins, les yeux ne peuvent pas mentir. Et.. je trouve ça beau comme moyen de communication."

Yoyami releva la tête. Les yeux ne peuvent pas mentir ? Il est vrai que l'écrivain avait du mal à cacher ses sentiments avec ses yeux, il pouvait leur forcer un air provocateur, mais ça n'allait pas plus loin. La tristesse et la douleur étaient ancrés dans son regard, en fonction des évènements, ils étaient plus ou moins visibles.

Le regard du blond sourit à la place de ses lèvres à la dernière partie de la phrase de Yamaguchi.

"Merci, il n'y a pas beaucoup de gens qui pensent ça."

En général, les gens préfèraient dire que le blondinet était malaimable et qu'il souriait à chaque fois qu'il se coinçait les doigts dans une porte, ce qui n'était pas tout à fait faux mais bon, plutôt que de lire dans ses yeux, ou que d'essayer d'interprêter ses émotions.

"Tu réapprendras à sourire un jour, j'en suis sûr. Peut être grâce à quelqu'un ?"

Le compositeur fut retiré de ses songes par ces mots.

"Peut être..."

"Tu ne comptes pas rester seul toute ta vie, si ?"

Le blondinet se renfrogna un peu.

"Bien sûr que non, mais les gens s'arrêtent sur les apparences. Pour ux, soit je suis un écrivain à succès dont ils peuvent tirer partit, soit un ours mal léché qui fait la gueule à longueur de journée. Ma misanthropie n'aide pas non plus... En tout cas, j'espère que si tu trouves quelqu'un, tu m'en parleras, histoire que je sache qu'au moins l'un de nous deux a réussi à s'en sortir."

Le regard de Yoyami souriait, mais avait aussi une lueur moqueuse. Il avait envie de taquiner Yamaguchi, un peu, pas beaucoup, juste pour rendre l'atmosphère un peu plus joyeuse.

"Tu peux compter sur moi, je te le dirai. Mais tu devras me le dire aussi dans ce cas. Mais ne parles pas comme ci tu étais un cas désespéré. Je ne pense pas que ce soit vrai."

Yoyami répondit de manière enthousiaste.

[colo=#00ffff]"Compte sur moi ! Pas de problèmes !"[/color]

Même si je pense que tu y arriveras avant moi mais bon.

Le blondinet était heureux d'avoir trouvé quelqu'un qui était sur la même longueur d'ondes que lui. Il espérait sincèrement que Yamaguchi trouve le bonheur avec un grand B.

"Faut dire que c'est pas facile de nos jours d'être bien accompagné."

Le regard du compositeur brillait.

"Mon éditeur ne comprend pas quand je lui dis que je préfère être seul que mal accompagné. Mais comme tu dis, de nos jours, les bonnes personnes sont justes trop rares."

Ayant pour habitude de ne jamais dormir, l'écrivain n'avait même pas remarqué que la nuit avait été plus qu'entamée. Il se dit qu'il devrait laisser son colocataire dormir, lui n'était pas insomniaque.

"Tu veux faire quelque chose ? J'ai une console avec quelques jeux si ça t'intéresse. "

Le regard de Yoyami eut une pointe d'interrogation.

"Tu ne devrais pas dormir plutôt ? Non pas que ça me dérange de jouer avec toi, au contraire, j'adore les jeux vidéos... mais pour ma part j'ai l'habitude du manque de sommeil, pas toi... enfin, je ne crois pas..."

Le blond se massa la nuque et passa la main dans ses cheveux... Il pensait avoir mal exprimé ce qu'il voulait dire...

"Bof, je ne suis plus vraiment fatigué et j'ai toujours un peu de mal à me rendormir après un cauchemars."

Le blond eut un regard doux, mais ne dit rien.

"Bon, je vais essayer de retrouver le carton où je l'ai rangé."

Yoyami hocha la tête sans bouger. Il regarda Yamaguchi se lever pour fouiller dans son armoire. Par respect pour son intimité, l'écrivain ne vînt pas l'aider à chercher.

"Hm.. pas celui là."

Le blondinet ne posa pas de question. Ils ne se connaissaient pas assez pour qu'il lui demande plus de précisions sur sa vie. Yamaguchi trouva enfin le bon carton.

"Euh.. tu peux choisir le jeux. Je ne m'y connais pas trop..."

Le regard de Yoyami sourit à la place de ses lèvres. Un sourire doux, sûrement. Il se leva et prit doucement le carton, faisant un signe de tête à son colocataire.

[colo=#00ffff]"Suis-moi."[/color]

Le blond revînt dans le salon et commença à faire les branchements nécessaires, installant tout ce qu'il fallait. Il se recula, un air satisfait sur le visage. Il alluma la télévision, et à son grand bonheur, tout fonctionna. Il regarda les jeux qui comme la console n'étaient pas déballés. Il opta pour un rpg assez facile, se jouant à deux avec des dragons et autres. Il le mis et s'assit à côté de Yamaguchi, lui tendant une manette.

"Ce jeu est assez simple. C'est bien pour débuter. Je vais t'apprendre, en échange des cours de cuisine."

L'ombre, mais seulement l'ombre, d'un sourire passa sur le visage du blond.